Chapitre 13

1 Un jour qu'il était occupé
à rédiger un recueil de lois géométriques,
avec Thomas et deux autres élèves,
dans une grande salle commune,
des scribes et des pharisiens juifs
vinrent à lui avec une femme prise en adultère.

2 Et ils la placèrent au milieu du peuple, disant:
"Rabbi! Cette femme vient d'être surprise
en flagrant délit d'adultère,
et Moïse, dans la Thora, nous a ordonné
de lapider de telles femmes.  
Toi, que dis-tu?"

3 Or, ils disaient cela pour l'éprouver;
afin de pouvoir redire à sa réponse.
Mais Jean, tête baissée,
continuait ses équations et ne répondait pas.
	                                    
4 Comme ils insistaient à l'interroger,
Jean releva la tête et leur dit:
"Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché
en aucune chose de ce qu'a prescrit Moïse
se propose pour lui jeter la première pierre..."
et, baissant la tête, il continua d'écrire.

5 Quand ils entendirent cela,
accusés par leur conscience,
ils se retirèrent un à un,
depuis les plus âgés jusqu'aux plus jeunes,
et la femme resta seule au milieu.

6 Alors relevant la tête,
et ne voyant plus que la femme,
Jean lui dit:
"Femme, où sont ceux qui t'accusaient?
Personne ne s'est-il donc proposé?"
Elle répondit:
"Personne, Enseignant."  
Alors il lui dit:
"Moi non plus, je ne me propose pas.
Va, et dorénavant ne pèche plus..."

7 Cependant, Thomas dit à Jean:
"Pourquoi Moïse prescrit-il de lapider de telles femmes?"
Jean lui répondit:
"C'est à cause de votre dureté de coeur
que Moïse vous a prescrit de telles choses.
Un jour, il n'en sera plus ainsi..." 
	
8 Un jour qu'il approchait d'une ville
nommée Sychar-en-Samarie, 
Jean arriva près du champ que Jacob avait donné à Joseph.
C'est là qu'est la fontaine de Jacob.
Comme il était fatigué du voyage,
 il s'assit tel quel près de la fontaine.
C'était environ midi...

9 Et voici qu'une femme vint pour y puiser de l'eau.
Jean lui dit:
"Voudrais-tu me donner à boire?"
Alors la samaritaine lui dit:
"Comment se fait-il que toi qui es juif,
tu me demandes à boire à moi qui suis samaritaine?
Ne sais-tu pas que les juifs
ne parlent pas aux samaritains?" 
	 
10 En réponse, Jean lui dit:
"Si tu savais qui est celui qui te dit:
Donne-moi à boire;
c'est toi qui aurais sollicité,
et il t'aurait donné de l'eau vive."

11 Elle répondit:
"Tu n'as pas de quoi puiser et le puits est profond;
comment me donnerais-tu de l'eau vive?
Serais-tu plus grand que notre père Jacob,
qui a creusé ce puits 
et en a bu lui-même,
ainsi que ses enfants et ses troupeaux?"

12 Jean lui dit:
"Ce n'est pas à cette eau
que je fais référence;
car quiconque boit de cette eau-là aura toujours soif.

13 Mais celui qui boira l'Eau que moi j'ai fait sourdre,
celui-là n'aura plus jamais soif.
Elle deviendra en lui comme une fontaine intarissable 
et lui donnera la Vie éternelle..."
	 
14 La femme lui dit:
"Je sais que le Messie vient 
et qu'il nous annoncera ouvertement ces choses."
Jean lui répondit:
"Moi qui te parle, je le suis..." 
	  
15 La samaritaine lui dit:
"Nos ancêtres ont adoré sur cette montagne,
et vous, vous dites
que c'est à Jérusalem qu'il faut adorer."

16 Jean lui répondit:
"L'heure viendra 
et elle est déjà venue,
où ce n'est plus ni sur cette montagne, ni à Jérusalem,
qu'on adorera le Père;
car présentement tous ici adorent on ne sait quoi.
Or, il faut adorer le Père selon la vérité,
et en tant qu'Esprit Créateur.
Vraiment le Père cherche de tels adorateurs."

17 Elle lui dit:
"Enseignant, il faut que je parle de toi à mon mari."
Il répondit:
"Ton concubin: car l'homme chez qui tu vis n'est pas ton mari."

18  Laissant là sa cruche,
la femme s'en retourna à Sychar,
- et lui avec elle -
et elle commença à dire à tout le monde:
"Voyez cet homme qui enseigne toutes choses;
ne serait-ce point le Christ?"

19 Et voici que les samaritains le prièrent
de rester avec eux quelques jours;
et il se mit à les enseigner.
Et il leur dit: "J'ai à vous donner
une nourriture que vous ne connaissez pas...
Je suis le Pain de Vie,
et mon oeuvre, c'est de vous faire connaître Celui qui m'a envoyé...
et que vous ne connaissez pas;
et de vous demander, de bien vouloir Le recevoir en vous,
afin que la moisson soit abondante.

20 Ne dites-vous pas vous-mêmes:
"la moisson viendra dans quatre mois?"
Or, je vous le dis:
"Regardez comment parfois au huitième mois
la campagne est déjà blanche."
Alors beaucoup parmi eux se mirent à croire en lui;
et après qu'il eût resté deux jours,
il remonta vers le nord en Galilée.

21 Et les gens de Sychar disaient à la femme:
"Ce n'est plus sur ce que tu nous en as dit
que nous prêtons attention à lui;
mais parce que, nous-mêmes, nous l'avons entendu.
Et nous croyons que celui-ci est vraiment le Sauveur du monde."