Chapitre 14 1 Un jour que des publicains et des gens de mauvaise vie se tenaient auprès de Jean le Baptiste pour l'écouter, des pharisiens et des scribes se mirent à murmurer, disant: "Voyez comme cet homme aime côtoyer de mauvaises fréquentations; jusqu'à manger avec eux." 2 Alors Jean leur fit cette parabole: "Un homme avait deux fils. Un jour, le plus jeune fils dit à son père: " Père, je veux quitter votre maison pour vivre ma vie; laissez-moi dès aujourd'hui ce qui me revient de votre héritage." 3 En conséquence, le père regroupa ses biens pour établir un partage entre ses deux fils... Peu de temps après, le plus jeune des fils, ayant amassé ce qu'il avait, fit ses adieux, et s'en alla dans un pays lointain dissiper tous ses biens, en excès et en débauches. 4 Après quelques mois, quand il eut tout dépensé, il commença à être dans la nécessité... Il s'attacha donc au service d'un riche fermier qui le méprisa et l'envoya garder les pourceaux. Là, il mangeait, en se cachant, une partie de la nourriture des pourceaux, et il dormait à la belle étoile. 5 Alors il se mit à réfléchir et se dit: Quoi! Chez mon bienveillant père le plus petit des serviteurs reçoit chaque jour plus de pain qu'il n'en faut pour dix hommes; et ses gages sont vingt fois ce que je reçois ici; et moi, j'en suis à mourir de faim. 6 Voilà donc ce que je vais faire: je vais retourner chez mon père, et je lui demanderai de me traiter comme un simple serviteur, car je ne suis plus digne d'être appelé son fils. 7 Il partit donc pour retrouver son père, et il était encore bien loin que son père l'aperçut et vint sauter à son cou. 8 Le fils se mit à dire: Mon père, j'ai grandement péché contre vous et contre le ciel. Je ne suis plus digne d'être appelé votre fils, mais traitez-moi seulement comme l'un de vos serviteurs. 9 Alors le père dit aux serviteurs: " Vite! Apportez ma plus belle tunique; celle que je revêts les grands jours; et mettez-la sur mon fils! Apportez aussi quelque anneau doré pour son doigt et de belles sandales pour ses pieds! Puis tuez le veau gras afin que tous se réjouissent du retour de mon fils..." Et ils commencèrent à festoyer. 10 Cependant, le fils qui était aux champs, s'en revenant chez lui, entendit la musique et les danses; et comme il demandait au portier ce que cela voulait dire, le portier lui répondit: "C'est que ton frère est revenu..." 11 Alors le frère dit à son père: " Mon père, je n'entrerai plus sous votre toit; car votre fils que voici a dilapidé votre héritage et vous l'accueillez comme un prince. 12 Vous avez pour lui tué le veau gras; et moi qui vous ai servi tant d'années, sans désobéir, ni rechigner à un seul ordre, vous ne m'avez pas même donné ne serait-ce qu’un chevreau pour festoyer avec mes amis." 13 Alors le père se mit à dire: " Mon fils...tu restes mon fils et tout ce qui est à moi est à toi. Je sais tes qualités et ne les ôte pas. 14 Mais voici qu'aujourd'hui il fallait nous réjouir car ton petit frère était mort et il est ressuscité... Mon fils était perdu et je l'ai retrouvé." 15 Jean leur dit aussi: " Quel homme parmi vous ayant cent brebis, ne laisserait pas les quatre vingt dix neuf autres pour aller rechercher celle qui s'est perdue dans les marais? Et l'ayant retrouvée, ne se réjouit-il pas plus pour elle que pour les quatre vingt dix neuf autres? 16 De même, quelle femme parmi vous possédant dix pièces d'or ne délaisse les neuf autres pour mettre aussitôt une lampe sous ses meubles et rechercher avec soin celle qui s'est perdue? 17 Ainsi moi, je ne suis pas venu pour guérir ceux qui se croient bien portants; ceux-là n'ont pas besoin de médecin. Mais je suis venu pour ceux qui sont malades; ceux-là ont besoin d'un médecin. 18 Non pas qu'il y ait des hommes sains car tous les hommes sont malades. Si les hommes n'étaient pas malades, je vous l'aurais dit; si vous n'étiez pas dans le péché, je ne serais pas venu vous l'apprendre. Car c'est pour cela que je suis venu: pour vous dire que vos yeux sont malades. Mais vous ne recevez pas ce témoignage, et vous ne me croyez pas." 19 Les pharisiens et les scribes lui dirent: "Nous-mêmes sommes-nous malades?" Il leur répondit: "Votre péché, à vous, c'est de dire: Nous y voyons correctement et notre oeil n'est pas malade... 20 Si vous disiez: Nous sommes dans les ténèbres et ne voyons pas Dieu; plutôt nous voyons les choses comme au travers d'un cristal qui les fausse et les déforme, vous n'auriez pas de péché. 21 Mais parce que vous dites: Nous voyons! En cela votre péché demeure, et vous rendez vaine ma prédication."


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