Chapitre 6 1 Lorsqu'il leur eut dit toutes ces choses, les prêtres se concertèrent pour trouver par des questions difficiles le moyen de le surprendre dans ses paroles. 2 Un prêtre sadducéen lui dit: "Les pharisiens prétendent qu'il y a une résurrection des morts. Toi, que dis-tu?" 3 Jean lui répondit: "Qu'il puisse y avoir une résurrection des morts, cela me semble bien évident, car si Dieu, en Sa Puissance, a pu amener un être à la vie, combien plus, par cette même Puissance, pourra-t-Il rendre la vie à ce qui a déjà vécu. Par ailleurs, n'est-il pas écrit: Elle reviendra dans la beauté et l'éclat de sa jeunesse; il reviendra dans la force et la vigueur de son jeune âge." 4 Le sadducéen lui dit: "Tu as très bien répondu, mais comment résous-tu cette difficulté: Un homme mourut et laissa une veuve; comme l'a prescrit Moïse, un frère du défunt la prit chez lui afin de susciter une postérité à son frère. 5 Mais ce frère-là mourut aussi et un troisième la recueillit; et ainsi de suite jusqu'à sept frères... A la résurrection des morts: de quel frère sera-t-elle l'épouse si les sept l'ont eue?" 6 Jean lui répondit: "Dans l'actuel système de choses, il est nécessaire de faire naître des enfants, de les élever, de les éduquer, et de subvenir à leurs besoins. C'est pourquoi les enfants doivent avoir un père et une mère; et c'est pourquoi l'on se marie. C'est en ce monde qu'ils naissent, et c'est à la fin de celui-ci qu'ils sont jugés. 7 Dans le système réservé aux élus, ces choses étant faites nouvelles, on ne se marie plus, et l'on n'est plus donné en mariage; car il n'est plus besoin de faire naître des enfants. Le mariage n'est que prescription transitoire intéressant un monde éphémère. Vous êtes grandement dans l'erreur." 8 Un prêtre lui dit: "Quel est le plus grand des commandements?" Jean lui répondit: "Le premier et le plus grand des commandements, c'est: Ecoute, Israël! Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit... Le second commandement ne lui est pas étranger: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. C'est en ces deux commandements que consistent toutes les Ecritures, et il n'est pas de commandement plus grand que ces deux-là." 9 Voulant qu'il se précise, le prêtre lui dit: "Et qui est mon prochain? Et comment dois-je l'aimer?" 10 Jean lui répondit: "Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Et voici qu'en chemin, il tombe au milieu de brigands, qui le dépouillent, le rouent de coups, et le laissent à demi-mort sur le chemin. 11 Un pharisien arrivant en ce lieu, voyant l'homme à terre, se détourne prestement et passe outre. De même, un sadducéen se trouvant là, ferme les yeux et passe. 12 Mais voici qu'arrive un samaritain qui s'émeut et prend pitié de lui. Il l'abreuve de vin, panse ses blessures, le conduit à l'auberge, et dit à l'hôtelier: "Voici deux deniers, soigne cet homme, verse sur ses plaies tes meilleurs onguents, et ce que tu dépenseras pour lui en surplus, je te le réglerai à mon retour." 13 Selon toi, lequel de ces trois a reconnu son prochain en celui qui était tombé aux mains des brigands?" Le prêtre lui dit: "C'est, je pense, celui qui s'est montré miséricordieux envers lui." 14 Jean lui répondit: "Toi donc, va et fais de même; et ton prochain, c'est celui qui est sur le bord du chemin." 15 Un autre prêtre lui dit: "Qui devons-nous suivre en matière de théologie?" Jean lui répondit: "Avant tout, gardez-vous de ceux qui trouvent plaisir à se promener avec de longues robes; l'incompétence, souvent, se cache sous de grands apparats. Entre l'exubérance et la pudeur, choisissez toujours la pudeur. 16 Méfiez-vous de ceux qui aiment être salués sur les places publiques, occuper les meilleurs postes dans les banquets. 17 Doutez de ceux qui vous disent de faire de longues prières toutes apprises; plus longue est la prière, plus pauvre en est la profondeur." 18 Un prêtre lui dit: "Vas-tu jusqu'à dire que nous sommes de mauvais guides?" Jean lui répondit: "Ceux qui guident les peuples, souvent sont comparables à des aveugles guidant d'autres aveugles et tous allant culbuter dans un fossé." 19 Un autre encore lui demanda: "Quelle somme est-il besoin de mettre dans le tronc du Temple pour que l'offrande soit valable?" Jean lui répondit: " Est-ce une balance de métal qui régit vos coeurs? Ou croyez-vous qu'une pauvre veuve qui y met deux petites pièces issues de son indigence y met moins que tous les autres?" 20 Stupéfaits de ses réponses, prêtres et docteurs le laissèrent aller, n'ayant plus le courage de lui faire aucune question. 21 Alors Elisabeth, sa mère, lui dit: "Mon fils! Pourquoi agir ainsi avec nous? Vois! Ton père et moi sommes tout angoissés!" Il répondit: "Pourquoi s'inquiéter ainsi? Ma place n'est-elle pas à apporter de l'Eau dans la Maison de mon Père?" Mais ils ne comprirent pas ce qu'il disait.


CHAPITRE PRECEDENT = Chapitre 5

CHAPITRE SUIVANT = Chapitre 7

TABLE DES MATIERES

RETOUR