Chapitre 7
1 Dans les mois qui suivirent ces choses,
l'influence de l'enfant allant croissant,
beaucoup parmi les fils du peuple se mirent à considérer
Jean le Baptiste comme un grand prophète;
et on venait à lui de toutes parts
pour entrer dans l'Eau de ses paroles...
Et l'enfant en baptisait un grand nombre.
2 Or, le roi Hérode renseigné de ces choses
en fut fort contrarié,
et il réfléchissait au moyen de le tuer,
mais en secret par crainte des juifs,
d'autant que l'enfant
l'avait publiquement blâmé, l'accusant:
"de félonie, parce qu'Hérode avait usurpé
la royauté aux héritiers asmonéens;
d'inceste, parce qu'il tenait union illicite;
3 d'infanticide, parce que rendu fou par la jalousie et l'intrigue,
il avait fait périr par strangulation Aristobule et Alexandre,
deux des fils que lui avait donné
la princesse asmonéenne Myriamne;
4 et de tyrannie, parce qu'opprimant toute liberté,
Hérode avait fait passer par l'épée certains prêtres réfractaires,
parmi lesquels Jacob, familier de Jean."
5 Alors le roi Hérode fit venir à lui
quelques exégètes des Ecritures
et leur demanda d'où le Messie devait venir.
6 Les exégètes lui répondirent:
"De Bethléem de Judée, la ville de David.
Car l'Eternel l'a juré et Il n'y reviendra pas.
Il mettra sur le trône de David
un fruit issu de ses reins et de sa descendance."
Le roi Hérode leur dit:
"Et quand ces choses doivent-elles advenir?"
7 L'un des exégètes répondit:
"Les temps vont s'accomplir.
Soixante neuf semaines d'années ont été déterminées
et annoncées par le prophète Daniel
- soit quatre cent quatre vingt quatre ans -
entre l'ordre donné à Néhémie par Artaxerxés
de rebâtir Jérusalem et l'onction du Messie;
encore un peu...un peu de temps...
et celui qui doit venir viendra."
8 Alors le roi Hérode fit convoquer l'enfant
avec intention de lui nuire...
Cependant quelques uns parmi les prêtres pharisiens
ayant été renseignés vinrent à Jean, disant:
"Enfuis-toi d'ici, car Hérode veut te tuer."
9 Mais Jean leur répondit:
"La puissance n'appartient qu'à l'Eternel.
N'y aurait-il que douze heures à mes jours?
Que m'importe!
En ces jours, j'ai un baptême à donner;
qu'il plaise au Père de l'interrompre quand Il le jugera bon;
et demain il sera terminé."
10 Lorsque Hérode vit l'enfant, il en fut fort réjoui,
car il cherchait depuis longtemps à le voir;
et il l'interrogea de plusieurs questions
auxquelles Jean ne voulut faire aucune réponse.
Alors Hérode le méprisa disant:
"Est-ce donc vraiment là le glorieux fils de David?"
11 Jean lui répondit:
"Si je prétendais l'être que vaudrait mon témoignage?
Mais voilà...
C'est ma généalogie qui dit que je le suis."
12 Hérode lui dit:
"Si tu es le fils de David, tu es donc roi..."
Alors il se mit à le revêtir d'une tunique écarlate
et lui donna un bambou en guise de sceptre.
Il déposa aussi sur sa tête une couronne d'épines.
13 Puis il s'agenouilla avec déférence, disant:
"Je te salue, O roi des juifs!"
et tous se mirent à le moquer,
lui donnant des soufflets
et le frappant du bambou sur la tête.
14 Jean leur dit:
"Si j'ai mal parlé,
rendez témoignage de mes paroles;
mais si j'ai parlé correctement, pourquoi me frappez-vous?"
Ils lui dirent:
"Ce n'est pas pour cela que nous te frappons,
mais parce que tu es un pantin insolent."
Et ils continuèrent de le frapper, disant:
"Prophétise Christ!
Qui va te donner le prochain soufflet?"
15 Or, c'était le jour de la préparation de la Pâque,
il était environ la sixième heure.
Hérode dit aux princes et aux prêtres de la cour:
"Voilà votre roi!"
Mais ils se mirent à crier:
"Nous n'avons de roi que le roi Hérode!"
16 Hérode leur dit:
"Et celui-ci qu'en ferai-je?"
Ils répondirent:
"Ote sa tête de dessus lui!
Ote! Ote! Décapite-le!"
Mais Salomé, la princesse, qui craignait les représailles des juifs
et voulait contrarier l'idée du roi,
se mit à danser devant le roi,
selon les danses sensuelles des jeunes femmes,
réclamant plutôt qu'on lui apportât sa tête sur un plateau,
mais seulement après la fête de la Pâque.
17 Alors Hérode, accèda à sa demande concernant l'enfant,
et le fit battre de verges et jeter en prison;
le donnant à garder à quatre bandes de quatre soldats chacune,
avec l'idée de le faire décapiter après la fête de la Pâque.
18 Dans la nuit de devant le jour fixé,
comme l'enfant dormait entre deux soldats,
lié de deux chaînes;
deux autres soldats gardant la porte;
il advint que la porte s'ouvrit,
et que le lieu s'emplit de diverses lumières de torches.
19 On vint le frapper au côté disant:
"Lève-toi promptement.
Mets ta ceinture et chausse-toi!
Puis viens et suis-nous!"
Et les chaînes tombèrent de ses mains...
Croyant que sa dernière heure était venue,
Jean se mit à suivre ceux-là.
20 Lorsqu'ils eurent passé
le premier corps de garde,
puis le second corps de garde,
ils se trouvèrent devant la porte de fer
donnant sur la ville de Jérusalem.
L'ayant fait ouvrir on vint avec lui jusqu'aux premières maisons.
Là on le quitta, quelqu'un disant:
"Fuis hors de Judée,
et n'y entre plus tant qu'Hérode sera vivant."
21 Alors Jean répondit:
"Considèrez que ce renard ne reverra jamais ma face."
et il disparut dans la nuit, ne sachant plus très bien
si ce qui arrivait était réel ou s'il rêvait.
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